Cet été, le Camerounais Nkom Bivoué sortait Zeun Ya Yop, un premier album réussi de musique cosmique et spirituelle pourtant taillée pour les clubs. Il nous transmet ses émotions du moment dans un guest mix en répondant à nos questions.
Dans la langue des Beti, peuple d’Afrique centrale, Zeun Ya Yop signifie « la route qui mène au ciel », autrement dit, l’ascenseur qui mène au succès. C’est dans cet état d’esprit que le jeune producteur Nkom Bivoué a composé l’album métaphorique du même nom, lui qui, dans la peau d’un extraterrestre descendu sur Terre, tente d’élever sa conscience tout en grimpant les échelons de la vie. Prêt à franchir les obstacles sociaux tout en s’inspirant des hauts et des bas de sa propre existence, l’artiste aime penser en dehors de la boîte et mène ainsi une réflexion libre et presque philosophique autour de la musique électronique. A mi-chemin entre transe et méditation, Zeun Ya Yop s’inscrit dans la continuité de ses précédents EP (From the Stars, Processus et Before Zeun Ya Yop). Nkom cherche alors à impacter positivement la perception de l’auditeur, en insinuant des influences pour l’afro house, l’EDM ou l’amapiano, sans jamais copier les modes. Interview.
Le titre de ton album signifie La route qui mène au ciel/au succès. Est-ce la métaphore d’un combat personnel ?
Oui, c’est le reflet de ma vie depuis que je me suis lancé dans la musique. En effet, j’ai eu un parcours scolaire sans faute, de la maternelle au master, et décider de tout plaquer pour la musique était un choix non seulement difficile pour moi mais aussi inacceptable pour ma mère. Elle me voyait suivre le cursus normal, école puis boulot « classique ». J’ai aussi été très incompris par mes amis et ma famille, et je suis devenu solitaire pour mieux me concentrer et optimiser ma réussite. Je me suis donc lancé sur ce chemin sans véritable soutien moral et financier de mes proches (excepté 2 ou 3 personnes), mais je suis resté optimiste et positif, dénué de tout sentiment d’aigreur. L’aspect spirituel de cette ascension vient justement du fait qu’il me fallait aller puiser ailleurs, il me fallait rester solide dans la tête, il me fallait affronter les difficultés, les intrigues, les rejets, les revers, les comparaisons avec les autres et seule la Spiritualité (pas la religion) était la solution. Et comme je le dis souvent, « tout ce qui existe est le fruit d’un processus ». Je suis donc toujours ce Zeun Ya Yop qui est en réalité un chemin sans fin.
Quelles sont tes inspirations majeures et comment définirais-tu ta musique avec tes propres mots ?
Je dirais que mes inspirations majeures sont la musique des autres (Afro House, Afrobeat, musique traditionnelle, musique spirituelle, Sound System, Hip Hop), mes lectures et mes méditations quotidiennes (je parle ici de mes réflexions). Ma musique est euphorique, cosmique et dansante. Mon style s’exprime au travers des genres musicaux comme l’Afro House, le Gqom, l’Afrobeat et l’Afro EDM. Aussi, tous mes projets ont un message de divulgation cosmique derrière, c’est-à-dire une histoire mythique qui nous renseigne sur ce qui s’est passé, qui se passe et qui se passera dans notre monde, sur notre planète. Donc c’est un savant dosage de fiction et de réalité. Le but n’est pas simplement de créer des émotions avec mes mélodies, ou de faire danser les gens avec mon Drum, je cherche aussi à élargir les consciences de mes fans, de manière subtile.
Nous recevons très peu de musique électronique du Cameroun. Comment est la scène à Yaoundé et comment t’y inscris-tu?
Pour être honnête, la scène est embryonnaire. La musique électronique ou afro électronique est assez méconnue au Cameroun, ça reste une histoire de « connaisseurs », de privilégiés. Il n’existe que 4 artistes qui explorent cet univers ici, Skriim (le pionnier), le duo Chinjong & Chinjong (ils ont sorti pas mal de projets avec des labels en occident) et moi. Mais je pense que les choses pourraient s’améliorer dans le futur. Nous essayons tant bien que mal d’avoir des shows par ci par là (private parties, coins spécialisés).
Qui est cet alter ego que tu appelles Da Sirúnian ?
Sirúnian c’est le gentilé de Sirún, ma planète d’origine ! Mais j’ai une version de moi-même qui s’appelle Uhuruh Ubuntu. Ce dernier est une des incarnations de Nkom Bivoué sur Terre, dans une ligne de temps qui se situe dans notre futur. Son histoire est à lire dans les booklets de mon EP Processus et de mon premier album, Zeun Ya Yop.
Tu as intitulé ton mix Émotions Douces. Est-ce le reflet de ton état d’esprit ? Qu’as-tu souhaité nous transmettre ?
Effectivement, mon état d’esprit depuis deux ans est axé sur les émotions douces. Je voulais faire un set avec des morceaux qui se rapprochent de mon album au niveau du mood. Ce que j’ai voulu transmettre c’est l’impact qu’ont ces émotions pour surmonter certaines épreuves compliquées de la vie. Avec ma petite expérience, je me suis rendu compte que je vivais mieux certaines situations difficiles, quand j’exprimais des émotions douces.
Ecoutez ci-dessous le 24ème épisode de notre émission PAM Sound System avec le guest mix de Nkom Bivoué.
Découvrez la discographie de l’artiste sur sa page Bandcamp.